Par Simon Rosenblum*

“Vous plaisantez!”, cela a été la réaction d’un ami de longue date, sioniste et peacenik, lorsqu’il a entendu que certaines personnes visiblement sérieuses et bien intentionnées envisageaient maintenant une solution à un seul état pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Shlomo Ben-Ami, ministre des affaires étrangères à un moment où une entente de paix semble une option faisable et encore une “colombe” très sincère, a récemment déclaré : “la solution à un seul état est une aberration qui ressemble à une tour d’ivoire”. Je suis tout à fait d’accord avec lui.

C’est vrai, la solution à deux états est difficile à réaliser. Lorsque de réelles occasions de concrétiser la solution à deux états  se sont présentées (en 1937, 1947, 2000 et 2008), le côté arabe-palestinien de l’équation a dit NON alors qu’à ces moments cruciaux, les leaders israéliens étaient prêts à dire OUI.

Il est également vrai qu’Israël porte une large part de responsabilité pour l’impasse actuelle. L’expansion continue des colonies depuis des années et plus de dix ans d’opposition à la solution à deux états par les gouvernements Netanyahou successifs ont terriblement nuit à la situation. Mais le fait que nous soyons incapables de concevoir un état israélien et un état palestinien gouverner ensemble est dû en grande part à l’intransigeance que les Palestiniens ont manifestée lors des moments cruciaux que nous avons mentionnés plus haut.

La meilleure description d’une solution à deux états honorable se trouve dans les “Clinton Parameters”, rédigés en 2000. Les paramètres proposés par le Président Clinton proposent un état palestinien dont les frontières suivraient essentiellement celles d’avant 1967, avec quelques échanges territoriaux proches de ce que l’on a appelé la Ligne verte. Des mesures de sécurité protégeant à la fois Israël et le nouvel état palestinien seraient mises en place, et les réfugiés palestiniens seraient intégrés dans l’état palestinien selon ses capacités d’absorption. Un nombre restreint de réfugiés palestiniens serait admis en Israël, pour des motifs de réunification familiale, mais il n’y aurait pas de “droit de retour” palestinien en Israël.

En 2000 et en 2008, les Palestiniens ont connu de véritables opportunités de négocier la fin du conflit, plus ou moins autour des conditions ci-dessus mentionnées, mais ont choisi de ne pas le faire, principalement à cause de leur insistance sur la question du “droit de retour”.  Céder sur ce point aurait signifié que les Juifs israéliens auraient fini par perdre leur majorité démographique. Pour Israël, la question n’était pas ouverte à la négociation.

Nous ne parlons pas ici d’histoire ancienne. Tous ces faits ont un impact sur les événements que nous vivons aujourd’hui. Il est évident qu’aucun peuple ne devrait subir une occupation permanente. Les Palestiniens ne sont pas une exception à cette règle. Mais ils se doivent de mieux s’appliquer à trouver un remède à cette situation tragique.

Une proposition dangereuse

Aujourd’hui, ni le gouvernement israélien actuel ni l’Autorité palestinienne ne sont en aucune façon prêts à faire les concessions nécessaires pour arriver à une solution à deux états. Par conséquent, certains pensent que la seule issue est un seul état pour tous, dans lequel Israéliens et Palestiniens vivraient présumément ensemble, dans la paix et de façon démocratique. Ceci est de la pure fiction, d’une part d’imaginer qu’Israël accepterait un jour de se dissoudre, et d’autre part d’entrevoir ce que cette “solution” serait en réalité, sinon une entité violente et dysfonctionnelle.

Une solution à un état est non seulement une mission impossible, mais aussi une proposition extrêmement dangereuse. Et s’il vous plaît, n’imaginez pas que discuter ou promouvoir un tel plan va encourager Israël à retourner à la table de négociation en vue d’une solution à deux états honorable. Au contraire, parler d’une solution à un seul état constitue un véritable cadeau pour les opposants israéliens et palestiniens.

La solution à deux états basée sur les paramètres Clinton est la seule et unique façon de résoudre le conflit israélo-palestinien. En notre qualité de sionistes progressistes, nous ne devons pas nous laisser distraire par ceux qui prétendent qu’il existe une autre solution. Nous devons nous opposer à l’expansion présente et future des colonies et de l’annexion, qui conduirait à une situation proche de l’apartheid. Nous devons continuer de promouvoir une future solution à deux états.

Nous laissons à Hagit Ofran, du Projet Surveillance Annexion de La Paix maintenant en Israël, le soin de conclure :

Le fait qu’il soit si difficile d’arriver à une solution à deux états ne change rien au fait qu’il s’agisse-là de la seule solution possible… l’alternative à la solution à deux états, ce sont des années et des années de violence, de sang, et d’oppression continuelle. Très mauvais pour les Palestiniens, très mauvais pour Israël.”

Simon Rosenblum

*Simon Rosenblum est un grand commentateur du conflit istraélo-palestinien. Il a été l’un des membres fondateurs de l’ACPM et l’un de ses anciens présidents nationaux. Les opinions exprimées dans cet article sont les siennes et ne reflètent pas nécessairement celles de l’ACPM